Une école pour les enfants rescapés de l’État islamique

Des milliers d’enfants yézidis ont été kidnappés en 2014 par l’État islamique (EI). Aujourd’hui, plusieurs d’entre eux ont pu rejoindre leur communauté. CSI soutient un programme éducatif visant à faciliter leur réintégration.

Lors des cours, ils portent les mêmes habits que les gardiens de l’un de leurs sanctuaires les plus sacrés. (csi)

« Kuffār (infidèles) ! Vous êtes tous des kuffār ! » s’écrie un jeune garçon au regard farouche chaque fois qu’il croise un yézidi. Pourtant, lui aussi fait partie de cette communauté ethno-religieuse. Elias est l’un des milliers d’enfants kidnappés par l’État islamique (EI) en août 2014.

Le génocide des yézidis

Pour l’organisation terroriste, les yézidis sont des adorateurs du diable et ils doivent être exterminés. Lorsque l’EI a pris le contrôle de la région de Sinjar, dans le nord de l’Irak, où vivait la majorité des yézidis, les combattants ont donc assassiné des milliers de yézidis, principalement des hommes. Les femmes et les enfants ont été soit vendus, soit endoctrinés et souvent utilisés comme enfants soldats. Les Nations unies et les États-Unis ont qualifié ces crimes de « génocide ».

Elias n’a pas été épargné. Son père a été décapité sous ses yeux et sa tête a été déposée entre les mains du garçon complètement traumatisé avec un message clair : s’il ne se convertissait pas, le même sort lui était réservé. S’ensuivirent des semaines, des mois d’endoctrinement et d’oppression. Le génocide passe aussi par cela.

Elias fait peur à sa propre famille

Quand Elias a été libéré des mains de ses ravisseurs, il ne ressentait plus que haine et mépris pour sa communauté d’origine. Ceux de sa famille qui avaient survécu, certes heureux de le revoir, ne pouvaient s’empêcher de le regarder avec méfiance : n’était-il pas une véritable bombe à retardement dans ce camp pour déplacés internes ? Pourrait-il jamais renouer avec ses racines ?

Apprendre à cohabiter

C’est pour aider des enfants comme Elias que Khairy Ali Kubo, un homme d’affaires yézidi, a mis en place le programme éducatif Kaniya Spî (« Source blanche », du nom d’une source utilisée pour le baptême des yézidis). Kaniya Spî compte maintenant cinq écoles, principalement dans des camps de déplacés internes, et près de six cents élèves entre 7 ans et 20 ans.

Les enseignants profitent des week-ends et des vacances pour enseigner aux enfants les bases de leur culture, de leurs traditions, de leur langue (que beaucoup ont oubliée) et surtout du « vivre ensemble ».

« Contre toute attente, nous arrivons véritablement à transformer ces enfants », explique avec fierté le directeur de l’une des écoles soutenues par CSI. « Elias, par exemple, est maintenant le premier à parler de paix et à aider les autres. C’est notre victoire sur l’EI. »

Hélène Rey

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