08 janvier 2016

Un SOS pour les chrétiens opprimés

La situation est très sérieuse. Mgr Louis-Raphaël Sako, patriarche de l’Église chaldéenne d’Irak vient de publier un livre intitulé « Ne nous oubliez pas ! » Il présente la détresse des chrétiens en Irak et lance un appel à l’aide urgent. Une recension de Roland Baertschi.

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 Ce livre est le vibrant appel lancé par celui qui allait devenir le patriarche de l’Église chaldéenne d’Irak. De 1980 à 1988, il y avait eu la guerre avec l’Iran ; en 2003, c’était l’intervention américaine, suivie d’une période de troubles et d’attentats de toutes sortes. Enfin, en juin 2014, les forces de l’État islamique (EI) investissent Mossoul, une ville de 2 millions d’habitants, dont 10 000 chrétiens. Dans un premier temps, ceux-ci ne sont pas inquiétés… mais dans la nuit du 17 au 18 juillet, des pick-up avec des haut-parleurs sillonnent les quartiers chrétiens lançant un ultimatum : les chrétiens devaient se convertir à l’islam, quitter la ville sans rien emporter… ou être décapités. Tous sont partis. Ils se sont d’abord réfugiés dans la plaine de Ninive. Plus tard, en une nuit, ils doivent quitter la région pour gagner le Kurdistan irakien. La violence de ces djihadistes est extrême ; ils ne craignent pas la mort, pensant qu’ils sont appelés à aller au paradis, un lieu de délices sans pareil.

Dans ces conditions, les chrétiens devaient-ils s’expatrier ? Beaucoup pensent gagner l’Europe ou l’Amérique. Pour eux, l’Occident, c’est le paradis. Hélas ! Une fois arrivés sur place, c’est le désenchantement. Tout est tellement différent ! Il n’empêche que plus d’un million d’entre eux ont quitté l’Irak…

Comment oser encore espérer ? On parle toujours dans l’Église du « petit reste » : le sel, la lumière, le ferment. La communauté chrétienne est ce « petit reste » et je la trouve très forte, affirme le patriarche de Bagdad : certes, il y a des gens qui partent, mais il y a ceux qui restent et qui sont forts. La longue histoire des chrétiens de la région est largement développée dans ce livre.

Un survol de la biographie de Mgr Sako rappelle qu’il a notamment traduit les textes de la liturgie en arabe, car beaucoup de fidèles ne comprenaient pas le chaldéen. Il a ensuite succédé à l’évêque de Kirkouk. Dans son discours d’intronisation, il explique être évêque non seulement pour les chrétiens, mais aussi pour tous les musulmans. Il porte tout le monde dans sa prière et dans son cœur.

Nouant de nombreuses relations avec les autorités politiques, religieuses et avec les imams, il essaie toujours d’œuvrer pour la réconciliation entre tous, que ce soient les chiites, les sunnites, etc.

En janvier 2013, il est élu patriarche et reçu par Benoit XVI. Peu après, il rencontre le pape François qui, dans son premier grand discours, a parlé des juifs, mais sans un mot sur les musulmans. Mgr Sako a pu le lui dire ; il allait se rattraper le lendemain lors d’un discours devant le corps diplomatique.

Que dire du dialogue avec l’islam ? Il demande une attitude d’ouverture plutôt que de vouloir à tout prix convaincre l’autre que sa religion est la meilleure. C’est aussi une question de confiance patiemment construite et de respect. Les musulmans sont invités à s’intéresser de près au christianisme. Non pas en s’appuyant sur les livres de l’islam, mais aussi et surtout en prenant en considération ce que les chrétiens disent de leur propre foi. 

Roland Baertschi

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