Un nouvel espoir pour les veuves

Leurs maris sont tombés lors de la guerre civile et elles ont dû s’enfuir pour sauver leur peau : des centaines de femmes sud-soudanaises sont maintenant revenues avec leurs enfants dans la ville de Malakal. CSI les soutient en leur fournissant des denrées alimentaires et en les aidant à mettre sur pied de petites entreprises.

Grâce à l’aide de CSI, cette femme peut tenir un stand au marché. (csi)

Malakal est une ville de 170 000 habitants située dans le nord du Soudan du Sud, à presque 500 kilomètres à l’est de la région du Bahr el-Ghazal où CSI accueille les esclaves libérés. S’il est vrai que depuis près de cinq ans, la région où nous sommes habituellement actifs est épargnée par la guerre civile, Malakal, quant à elle, a fortement souffert. Franco Majok, responsable CSI, décrit lui-même l’état de cette ville : « On voit partout des traces de destruction. La plus grande partie du marché de Malakal et des magasins restent fermés. Quant aux bâtiments de l’administration, ils ont tous subi de sérieux dommages. » Ce qui était jusqu’alors le principal aéroport du Soudan du Sud est également largement détruit, alors qu’il est d’une importance capitale pour l’économie, étant donné sa proximité avec les réserves pétrolières du pays.

Les tensions ethniques subsistent

Malgré ces dévastations terribles, des milliers de réfugiés de guerre ont rallié Malakal en provenance de la capitale Juba ainsi que des pays limitrophes, le Kenya, l’Ouganda et le Soudan. Ces nombreux réfugiés, parmi lesquels on trouve surtout des femmes et des enfants, ont pris le parti de se réfugier en ces lieux réputés sûrs à cause de la présence de troupes gouvernementales qui protègent cette ville pétrolière, nous explique Franco Majok. Mais les tensions entre les différents groupes ethniques qui s’affrontent dans la guerre civile ne disparaissent pas ici. Raison pour laquelle ces ethnies sont hébergées dans des camps différents : les Shilluk et les Nuer se trouvent dans des logements pour réfugiés de l’ONU, tandis que les femmes dinka et leurs enfants sont logés dans des bâtiments officiels abandonnés, avec le soutien de différentes ONG. D’autres encore doivent tant bien que mal se construire un abri d’urgence sur le périmètre de leur maison détruite.

La détresse tous azimuts

La détresse à Malakal est immense, notamment à cause de la destruction des infrastructures. Lors d’une rencontre avec le maire de la ville, Franco Majok apprend à quel point les besoins de base sont importants : la plupart des familles de Malakal souffrent de malnutrition et d’un manque de soins médicaux et c’est en vain que l’on cherche une pharmacie dans cette ville. Les quelques personnes qui possèdent encore un petit terrain exploitable n’ont ni semences ni outils pour travailler le sol. Et comme l’approvisionnement en eau n’est plus assuré, les habitants doivent boire l’eau du Nil, ce qui entraîne de nombreuses maladies qui pourraient être évitées. Les quelques écoles de Malakal qui sont gérées par la seule organisation d’entraide Intersos ne suffisent de loin pas à recevoir tous les enfants. Même les membres du gouvernement sont fortement touchés et doivent se rendre sur leur lieu de travail à pied faute de pouvoir acheter un véhicule.

Denrées alimentaires et petites entreprises

À Malakal, CSI a mis sur pied un programme varié de soutien pour les personnes en difficulté, indifféremment de leur origine ethnique. Franco Majok a pu par ce biais remettre des sacs de 50 kg de sorgho (une céréale) à plus de 2 000 familles. Mais CSI accorde aussi une aide à long terme à Malakal : en partenariat avec l’organisation Women Union (association féminine), CSI soutient soixante femmes afin qu’elles puissent mettre sur pied une petite entreprise. Ces femmes appartiennent à divers groupes ethniques et la plupart ont pu ouvrir un stand au marché pour vendre des légumes. Parmi les autres bénéficiaires, on trouve huit femmes qui ont pu travailler la terre et planter des légumes. Huit qui font du pain et qui tiennent un café. Beaucoup de ces femmes qui ont démarré une petite entreprise avec succès peuvent maintenant nourrir leurs enfants et parfois même les envoyer à l’école.

Achol Nyibong Goyil, une femme de 45 ans mère de neuf enfants, est l’une d’entre elles. En 2013, lorsque Malakal a été prise sous le feu de la guerre, elle s’est enfuie avec ses enfants vers un camp de réfugiés de l’ONU situé non loin de la vile. Cette femme entreprenante est très heureuse d’avoir pu retourner dans sa patrie et de pouvoir y tenir un petit café grâce à l’aide CSI.

Reto Baliarda


Une guerre civile interminable

Le 15 décembre 2013, des divergences entre le président sud-soudanais Salva Kiir et son ex-vice-président Riek Machar déclenchent une confrontation armée qui débouche sur un conflit ethnique généralisé, sachant que Salva Kiir est un Dinka, tandis que Riek Machar un Nuer. Malgré divers accords de cessez-le-feu, les combats se poursuivent encore aujourd’hui et, selon les données de l’ONU, plus de 50 000 personnes sont mortes au cours de cette guerre. Plus de deux millions de Sud-Soudanais ont fui dans des pays voisins et le nombre de déplacés internes ne peut pas se chiffrer. Tandis que la région du Bahr el-Ghazal, où sont rapatriés les esclaves affranchis par CSI, est restée épargnée par la guerre civile, Malakal a été depuis le début le théâtre de violents affrontements.

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