07 juin 2017

Un chrétien, ouvrier d’assainissement, meurt lors du Ramadan

2 juin 2017 : l’égoutier chrétien Irfan Masih est mort parce que le médecin musulman a refusé de lui porter secours immédiatement. Selon lui, à cause du Ramadan, le patient devait d’abord être purifié. Les soins lui ont été donnés ensuite, mais trop tard !

Lors de la manifestation, des chrétiens protestent et portent le corps d’Irfan Masih. (twit)

Lahore : menacé de perdre son emploi, un ouvrier d’entretien a dû s’exécuter et descendre dans une fosse, sans vêtement de protection conforme, pour nettoyer un égout dans la ville pakistanaise d’Umerkot. À force d’inhaler des gaz toxiques dangereux, il a perdu conscience. Irfan, le collègue qui l’accompagnait, a réagi aussitôt et est descendu pour le sauver alors que, lui aussi, n’avait pas de protection. Tandis que le premier était tiré hors de la fosse par d’autres ouvriers, Irfan est tombé dans l’égout et s’est évanoui à son tour.

Finalement, les collègues de travail ont pu sortir Irfan de la fosse et l’ont emmené à l’hôpital qui se trouvait à proximité. Malgré l’état critique du patient, les médecins des urgences ont déclaré qu’on ne l’examinerait qu’après sa purification, car on se trouvait en plein Ramadan.

Les médecins ont attendu que les membres de sa famille aient lavé Irfan avant d’apporter une bouteille d’oxygène. « Malheureusement elle était vide et Irfan est mort avant que les médecins se soient procurés une autre bouteille », explique son frère Babar Masih.

Les chrétiens manifestent durant des heures

La famille d’Irfan est persuadée qu’il aurait survécu s’il avait été soigné immédiatement. Ses collègues et plusieurs membres d’une Église locale ont organisé spontanément une manifestation contre l’administration de l’hôpital, qui a duré environ dix heures. Nazeer Masih, père de la victime, a porté plainte, et la police a arrêté Jaam Kunbhar, le directeur de l’hôpital. De même, deux autres médecins et trois employés du service municipal de santé ont été arrêtés.

Les médecins se défendent

La famille et les collègues d’Irfan accusent les personnes arrêtées de non-assistance à personne en danger, entraînant des conséquences fatales. Entre temps, le directeur général du service de santé Akhlaq Khan a visité l’hôpital et a souligné que le dossier du défunt ne faisait apparaître aucune négligence ayant provoqué la mort d’Irfan. Peu de temps après, des représentants de l’Association des médecins du Pakistan ont manifesté contre l’arrestation et l’accusation du directeur de l’hôpital. Ils prétendent que les accusations ont été fabriquées de toutes pièces.

Cependant, Nasir Saeed du Centre d’assistance juridique voit cela différemment : « Une vie aurait pu être sauvée si les médecins avaient soigné le patient tout de suite. Ce n’est pas la première fois qu’un travailleur de canalisation d’égout meurt en exécutant son travail. Le gouvernement devrait fournir aux travailleurs un équipement de sécurité. Or ces ouvriers sont souvent des chrétiens, c’est pourquoi personne ne s’occupe d’eux. »

Travail dangereux et mal payé

Au Pakistan, la proportion de chrétiens effectuant des travaux sous-payés et souvent dangereux, est au-dessus de la moyenne. Selon l’organisation Operation World, 90 % des travailleurs pour l’entretien des canalisations du pays sont des chrétiens, bien qu’ils ne représentent que 2,45 % de la population pakistanaise. Au cours de leur activité dangereuse, ils doivent souvent descendre jusqu’à une profondeur de 15 mètres dans la fosse, lorsqu’un égout est bouché. Il y a également beaucoup de chrétiens parmi les travailleurs qui entretiennent les installations publiques.

Toutes les chaînes de télévision et aussi de nombreux journaux ont fait état de la mort tragique d’Irfan Masih, et ce cas a suscité une grande consternation dans tout le pays. Le gouvernement de la province fédérée du Sind envisage de payer une compensation à la famille du défunt.

Reto Baliarda

Sources : fides, Morningstarnews, Worldwatchmonitor

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