Souvent, il ne reste que la fuite

« Tout a commencé par une dispute lors d’une affaire immobilière, raconte le pasteur Sarfraz Sagar. Ensuite, des musulmans ont prétendu que des enfants avaient froissé des pages du Coran pour les jeter sur de jeunes mariés. À partir de ce moment, nos vies étaient en danger. »

Le pasteur Sarfraz (au milieu) et sa famille espèrent obtenir le statut de réfugiés en Thaïlande. csi (csi)

En août 2009, poussée par des imams radicaux, une foule en colère a attaqué les villages chrétiens de Gojra et de Korian (province du Pendjab), tuant 14 chrétiens et incendiant 70 maisons ainsi que deux églises. Le pasteur et son Église ont dû vivre sous tente durant plusieurs mois.

« Ces événements ont marqué le début d’une orgie de violence contre la minorité chrétienne qui dure encore aujourd’hui », a expliqué le pasteur en octobre 2015 à Herbert Meier, président de CSI, et Gunnar Wiebalck, responsable de mission. Lors du procès au tribunal de Faisalabad, les bourreaux ont rejeté la faute sur les victimes qui auraient provoqué cette flambée de violence. Ils ont demandé que la plainte soit retirée.

Au cours de l’audience, des chrétiens manifestaient devant le tribunal. « Tout à coup, des coups de feu ont retenti, se souvient le pasteur. Nous nous sommes enfuis en courant. Même les familles qui vivaient encore dans des abris d’urgence ont été attaquées. »

La fuite

Lentement, le calme est revenu. Salman Taseer, le gouverneur du Pendjab, a mis sur pied des aides étatiques pour reconstruire les bâtiments détruits. Mais il a été assassiné peu après. Quant au pasteur Sarfraz, il a fondé l’organisation All Pakistan Christian Unity pour promouvoir la réconciliation entre chrétiens et musulmans. Fin 2011, son église avait rouvert ses portes et il s’apprêtait à y fêter Noël. Mais, le 21 décembre, la méchanceté a repris le dessus. Un imam a accusé la fille d’un membre de son organisation d’avoir envoyé un SMS blasphématoire. La jeune femme de 25 ans a passé neuf jours en détention provisoire, après quoi un policier a informé ses parents que des extrémistes musulmans prévoyaient de l’assassiner dès sa libération.

Le pasteur Sarfraz est parvenu à emmener la jeune femme à l’étranger pour qu’elle y soit en sécurité. Or, un journal pakistanais a prétendu qu’elle était sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Cela a bien sûr valu des menaces de mort au pasteur Sarfraz et, en mars 2013, il a dû se résoudre à son tour à fuir son pays. Sa famille l’a suivi peu après.

Depuis plus de deux ans, le pasteur et sa famille de six personnes survivent dans des conditions misérables, à Bangkok, en Thaïlande. Ils espèrent que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) leur accordera le statut de réfugiés. Durant la longue attente, ils risquent d’être arrêtés et sont aussi sujets à la misère et aux maladies. Ils n’ont pas le droit de travailler et leurs enfants ne sont presque pas scolarisés. Le pasteur Sarfraz sait que les disciples de Jésus doivent s’attendre à être persécutés. « Nous resterons fidèles à son nom glorieux », conclut-il.

Gunnar Wiebalck, responsable de mission pour le Pakistan

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