Le prix à payer (Joseph Fadelle)

Recensions de Martin Wenger et de Roland Baertschi, lecteurs CSI

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Recension de Martin Wenger

Dans des scènes impressionnantes et parfois oppressantes, ce livre raconte le cheminement d’un Irakien : le musulman chiite Mohammed al-Moussaoui devient le chrétien Joseph Fadelle. Sa famille le rejette, le livre aux autorités (et par là aux interrogatoires et à la torture). Ils font même prononcer une fatwa contre lui. Joseph Fadelle devient ainsi hors-la-loi et chacun peut l’assassiner sans être puni.

Personnellement, j’ai trouvé une fois de plus très passionnant et encourageant de constater comment Dieu parle de façon vivante à ses enfants. Aujourd’hui encore, Dieu fait des choses merveilleuses si nous sommes dans cette attente devant lui. En outre, nous avons accès à des informations significatives: un « initié » présente les difficultés et le danger de mort que rencontrent les chrétiens dans les sociétés musulmanes, et notamment ceux qui se sont convertis de l’islam.

Mon avis : ce livre est très recommandable ! Laissons enfin la parole à Joseph Fadelle. Après toutes ses souffrances il a pu dire de lui-même : « C’est le Christ qui m’a aidé à traverser ces difficultés. Pas un jour pendant toutes ces années, son amour pour moi ne s’est démenti. C’est lui qui m’a donné le courage et la patience d’avancer toujours, sans désespérer. »


Recension de Roland Baertschi

Nous sommes en 1987. Depuis 6 ans, l’Irak est en guerre contre l’Iran. Mohammed Moussaoui, le fils préféré d’une grande famille chiite, qui se targue d’une ascendance remontant jusqu’au Prophète, est promis à un brillant avenir. Son père, Fadel-Ali, riche propriétaire terrien, a pu lui éviter, par son influence, tout engagement militaire. Il n’empêche qu’il est convié à un bref séjour dans une caserne située à l’arrière du front. Fortuitement, il partage la chambre avec un chrétien. Dépité d’un tel voisinage, il finit par découvrir que son hôte, bien que connaissant le Coran, lui préfère l’Évangile. Celui-ci l’invite même à en relire avec attention le texte que jusqu’ici il parcourait superficiellement. Il y découvre alors des absurdités, des incongruités, des jugements hâtifs et superficiels. Une nuit, il fait un rêve qui le bouleverse, un personnage d’une grande beauté et attirance lui apparait qui lui dit : « Il faut que tu manges le pain de vie ». Il s’en ouvre à son compagnon qui l’invite à lire l’Évangile. Il tombe alors sur l’épisode de la multiplication des pains, au chapitre 6 du texte de Jean, où Jésus affirme qu’il est le « Pain de vie ». Il fait le lien avec son rêve…  Enthousiaste, il en parle à son compagnon, avec l’intention d’annoncer à sa famille sa nouvelle foi en Jésus-Christ. Celui-ci l’en dissuade rapidement, affirmant. « Ils vont te tuer. Car pour eux, changer de religion est passible de mort. »

De retour à la maison, il est mal à l’aise, particulièrement lors de la prière familiale communautaire. Son cœur est à Jésus. Il tourne alors sa quête vers les Églises de Bagdad, souhaitant y demander le baptême. Sans succès. Il va jusqu’au patriarche qui lui répond : « Il n’est pas question de sacrifier le troupeau entier pour sauver une seule brebis… »

Au début 1992, son père lui impose un mariage. Il s’y résigne à contrecœur. Sa femme, dont il note la beauté, ne connaitra sa quête de chrétien que plus tard. De cette union nait un fils.

Été 1993. Enfin, un prêtre a accepté qu’il vienne régulièrement à la messe. Sa femme inquiète de ses escapades dominicales dont elle ignore la cause, l’interpelle. Il lui avoue la vérité. Suit un moment de panique, voire de rupture occasionnelle. Mais elle garde le secret si bien qu’il n’est pas inquiété. La confiance renait. Invitée à lire le Coran, elle y découvre combien il est dur, voire méprisant vis-à-vis des femmes. Désormais, elle accompagne son mari à la messe.

Reste le désir du baptême. Finalement, il est reçu dans un couvent où il rencontre le Père Gabriel. Il est d’accord de les baptiser, mais exige une instruction préalable.

Juin 1997. Ses frères, soupçonneux, profite de l’absence du couple, pour fouiller leur maison et y découvre… la Bible. Leur compte est bon. Enchainé, menotté, le frère renégat est entrainé à la maison paternelle où il subit la vindicte familiale. Cité devant l’autorité chiite suprême, l’ayatollah Mohammed Sadr, il subit un interrogatoire serré où son identité réelle de chrétien laisse place à un doute. Puis, on l’emmène pour l’interner dans une prison de sinistre renommée. Il y passera de longs mois, subissant de nombreux sévices.

Libéré après plus d’une année, où va-t-il aller ? Se réfugiera-t-il dans un village chrétien du nord de l’Irak ou rejoindra-t-il ses enfants ? C’est cette deuxième solution qui l’emporte. Sa femme va-t-elle même le reconnaitre, tant il est amaigri ? Surprise, après un mouvement de recul, Anouar lui ouvre les bras. C’est à voix basse, dans la chambre conjugale, qu’il va pouvoir tout lui raconter, car son frère Ali et sa sœur Shayma occupent à demeure leur logement. « Tu dois savoir, précise Anouar, que ta famille a profité de notre situation de faiblesse pour confisquer nos papiers d’identité, de même que tout l’argent dont nous disposions. »

La période qui suit sera très pénible. Surveillés comme ils sont, assister à la messe devient impossible. Ils vont alors user d’un stratagème : simulant une dispute, Anouar va se rendre chez sa mère. Partir à sa recherche, c’est saisir l’occasion d’aller à la messe et de retourner chez le Père Gabriel. Mais un jour, celui-ci se montre ferme. « Au nom de l’Église, par prudence, dit le prêtre, je te donne l’ordre de quitter l’Irak ». Ce qu’il confirme à son épouse.

Un départ, ça se prépare : passeports, bagages à déposer chez un ami chrétien, argent. Anouar lui remet ses bijoux, ce qui correspond à environ 10 000 dollars. Le passeport ne s’obtient pas sans mal… Au jour « J », un taxi les attend à l’endroit convenu. Ils gagnent la frontière, passent la douane non sans appréhension. Puis, c’est l’entrée en Jordanie.

À Amman, sur recommandation du Père Gabriel, il contacte une religieuse, Sœur Maryam. Celle-ci trouvera un logement pour la famille, du travail pour le mari et œuvrera en faveur du baptême. Avec l’appui de Mgr Rabah, la cérémonie se déroule normalement. Suit la messe avec la communion ; ils goûtent alors au vrai « pain de vie » si ardemment désiré.

Nous sommes en décembre 2000. À la sortie d’un magasin, une voiture s’arrête à sa hauteur ; il y aperçoit son oncle et ses 4 frères. Invité à y monter, il pense que c’est là l’occasion de pouvoir enfin s’expliquer. La voiture quitte Amman et aborde une vallée déserte. Une discussion s’engage qui dure trois heures. L’oncle sort un revolver et tire une première balle qui ne le touche pas. Une voix féminine lui souffle : « Fuis ! » – « Les balles sifflent à mes oreilles, racontera-t-il. Je me mets à détaler, comme si j’avais le feu aux trousses. Je m’affale dans la boue, ressentant une forte brûlure à la jambe, et sombre dans l’inconscience. Lorsque que je me réveille, c’est dans un hôpital. Qui m’a ramassé au bord de la route, je ne le saurai jamais. La blessure ne s’avère finalement pas trop grave. »

Un taxi le ramène à la maison. Mais il est surveillé et craint la police jordanienne. La famille quitte les lieux pour gagner le nord du pays, à Zarka, dans l’attente d’un visa que Sœur Maryam s’efforce d’obtenir, non sans peine. Puis, c’est l’envol pour la France… Désormais, il ne s’appellera plus Youssef, mais Joseph Fadelle, son épouse gardant son nom de baptême, Marie.

 

CHF 12.90
254 pages
L’œuvre | 2012
ISBN  978-2266212199

 

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