Mourir pour la croix

Le ministre pakistanais des minorités religieuses a été assassiné. Il est mort en martyr.

Les collaborateurs de CSI avec Shahbaz Bhatti en mars 2010 à Islamabad. (csi)

Peu après le gouverneur Salman Taseer en janvier, une autre personne très critique à l’égard des lois sur le blasphème a été abattue le 2 mars 2011 : le chrétien Shahbaz Bhatti, ministre des minorités.

« CSI regrette la perte d’un ami qui s’est investi de façon exemplaire et avec un grand courage pour la défense des droits humains fondamentaux et de la liberté religieuse. Le meurtre du ministre Shahbaz Bhatti a privé les chrétiens pakistanais, vivant dans une crainte permanente, de leur avocat le plus important. » (Herbert Meier, président international de CSI)

La mort ne lui faisait pas peur

Shahbaz Bhatti luttait avec hardiesse pour les droits des chrétiens au Pakistan. Pour cela, il avait fondé en 1985 le « Christian Liberation Front » (CLF) et plus tard la « All Pakistan Minority Alliance » (APMA), une organisation qui s’engageait pour toutes les minorités du pays.

Le ministre assassiné ne craignait pas la mort. Il considérait sa mission en faveur des personnes dans la souffrance comme une véritable vocation. Dans une vidéo diffusée par BBC (www.www.csi-suisse.ch), Shahbaz Bhatti a parlé tout naturellement de son assassinat probable : « Je crois en Jésus-Christ qui a sacrifié sa vie pour nous. Je sais quelle est la signification de la croix. Et je suis prêt à mourir pour la croix. Je vis pour les chrétiens et pour les personnes qui souffrent. S’il le faut, je mourrai pour défendre leurs droits. »

Il sera difficile de lui trouver un successeur approprié. Malik Mumtaz Hussain Qadri, l’assassin de Salman Taseer, est admiré et fêté comme un héros par beaucoup de musulmans : un lynchage pour « blasphème » est admis par la société. Qui aura le courage de lutter pour la justice dans un monde pareillement perverti ? De se présenter publiquement en faveur des minorités religieuses ? De prendre clairement parti contre les lois sur le blasphème ?

Protester au lieu de financer !

La parlementaire Sherry Rehman, membre du parti au pouvoir, avait suggéré au parlement une révision des lois sur le blasphème. Elle a été forcée de retirer sa demande. Au Pakistan, les politiciens, journalistes et organisations pour la défense des droits de l’homme critiques sont en danger.

Plus que jamais, l’intervention de l’étranger est requise maintenant. Les États-Unis et l’UE doivent cesser d’envoyer des milliards de subside au Pakistan aussi longtemps que des personnes y sont tuées à cause de leur religion ou de leur opposition aux lois sur le blasphème.

Hélas, il est à craindre que l’Occident se contentera simplement de condamner ce meurtre au lieu de lancer une campagne énergique pour l’abolition des lois sur le blasphème. En l’occurrence, ces lois compromettent la vie et le droit à la propriété de gens paisibles au Pakistan.

CSI

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