Communiqué de presse | CSI demande au Conseil fédéral d’assouplir les sanctions économiques contre le peuple syrien

En cette période marquée par la crise liée au coronavirus, John Eibner, directeur de la fondation CSI-Suisse, exhorte le Conseil fédéral à assouplir les lourdes sanctions sectorielles imposées au peuple syrien depuis 2011.

Une rue à Alep. (csi)

Communiqué de presse du 1er avril 2020 en format PDF

Cette demande fait écho aux récents propos du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. Tous deux ont en effet appelé les États membres des Nations unies à lever leurs sanctions économiques afin de garantir l’accès à la nourriture, aux produits de santé de première nécessité et à un support médical adéquat dans le contexte du COVID-19. Selon le secrétaire général de l’ONU, « l’heure est à la solidarité et non à l’exclusion ».

CSI soutient ces efforts de l’ONU pour garantir que les besoins humanitaires puissent être satisfaits et les droits de l’homme respectés conformément au droit international et ce dans toutes les régions de la Syrie, qu’elles soient sous le contrôle du gouvernement syrien ou de puissances étrangères et de leurs alliés.

M. Eibner, qui se rend fréquemment en Syrie depuis 2012 dans le cadre de missions humanitaires, précise dans une lettre adressée à la présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga : « Les morts, les déplacements et les destructions apocalyptiques auxquels la population syrienne a été soumise depuis 2011 ont été causés non seulement par les bombes, les balles, les décapitations et les gaz toxiques, mais aussi par un autre instrument de guerre, encore plus sophistiqué : les sanctions sectorielles de grande envergure. » Un rapport des Nations unies financé par la Suisse avec pour titre Humanitarian Impact of Syria-Related Unilateral Measures (« L’impact humanitaire des mesures unilatérales liées à la Syrie »), divulgué en 2016, a indiqué clairement que les lourdes sanctions économiques entravaient gravement l’activité humanitaire, y compris l’importation d’équipement médical de base et de médicaments.

Les sanctions suisses n’ont pas été appliquées en réponse à une résolution légitime du Conseil de sécurité des Nations unies. Au contraire, la Confédération les a imposées à la suite d’un appel des États-Unis aux membres et associés de son réseau mondial d’alliances dans le but de mener une action coordonnée contre la Syrie. L’objectif déclaré publiquement était de forcer le président syrien à « s’écarter » afin d’ouvrir la voie à une « transition vers la démocratie ». Ce faisant, la Suisse s’est éloignée de sa politique traditionnelle de neutralité et de respect des conventions de Genève interdisant les punitions collectives de populations civiles pour les crimes de leurs dirigeants.

Les six millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie, les malades et les personnes âgées sont particulièrement touchés. Tout comme le coronavirus, le régime de sanctions globales imposé par les États de l’OTAN, les régimes autoritaires de la Ligue arabe et la Suisse porte préjudice à tous les habitants de la Syrie, indépendamment de leur religion, de leur appartenance ethnique ou de leur genre.

Dans sa lettre, M. Eibner rappelle à la présidente de la Confédération que CSI, tout comme la Suisse, « soutient un règlement politique du conflit dirigé et contrôlé par les Syriens, suivi par des élections sous la surveillance de l’ONU, ainsi que le demande la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité de l’ONU » et note « le soutien financier encourageant de la Suisse aux efforts de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Syrie ». Cependant M. Eibner reconnaît que le processus de paix mené par l’envoyé spécial prendra encore du temps avant d’aboutir à un succès.

CSI encourage donc le Conseil fédéral à donner suite à l’appel du secrétaire général António Guterres en suspendant sa participation au régime de sanctions contre la Syrie. En œuvrant ainsi, la Suisse agirait en plus grande harmonie avec sa tradition de neutralité et avec son rôle de défenseur des conventions de Genève, facilitant ainsi la paix.

Contact : Adrian Hartmann | adrian.hartmann@csi-int.org                   

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