Mal nourris, surmenés et brimés

Dans les bidonvilles de Karachi et de Quetta, on trouve de nombreux chrétiens. Ils n’ont pas d’argent pour des médicaments et encore moins pour une consultation médicale. Le docteur Felix Kuhn, membre du conseil de fondation CSI et médecin généraliste, visite les plus misérables d’entre eux.

Le docteur Kuhn examine une habitante des bidonvilles. (csi)

Sarfaraz Younus avait 32 ans lorsqu’il a subi un grave accident de travail qui l’a blessé à l’épaule droite. Comme il n’avait pas d’argent pour aller chez le médecin, il pensait attendre que les douleurs disparaissent pour pouvoir continuer de s’occuper de sa femme et de ses quatre enfants. Mais les douleurs ne se sont pas calmées et l’épaule est devenue totalement raide. En mars 2013, le docteur Felix Kuhn s’est rendu dans un bidonville chrétien de Karachi et il a rencontré Sarfaraz Younus, qui ne pouvait plus bouger son épaule depuis trois ans.

La misère est partout

« Les habitants des bidonvilles sont mal nourris, peu cultivés (souvent illettrés), surmenés et brimés. Après une blessure, ils se contentent d’éviter de bouger, craignant qu’elle ne s’aggrave. Ils ne peuvent pas se payer une consultation médicale », explique Felix Kuhn. Même de petites blessures peuvent ainsi devenir une menace sérieuse.

Lors de son voyage au Pakistan, mandaté par CSI, le médecin généraliste a pu soigneusement examiner quelque 60 habitants des bidonvilles de Karachi, une ville comptant plusieurs millions d’habitants, ainsi que ceux des bidonvilles de Quetta, une ville de montagne située près de la frontière afghane. « Le plus grand problème de ces personnes est la malnutrition », explique Monsieur Kuhn. Les carences font partie du tableau clinique typique. Parmi ses patients, on trouve aussi de nombreuses personnes souffrant du diabète, de maladies du cœur ou de blessures mal soignées. Cela engendre souvent des infections qui présentent parfois un risque mortel. Ainsi, un jeune homme a traîné durant plusieurs semaines une infection purulente à la jambe avant de recevoir un désinfectant, un pansement et un puissant antibiotique. Sans ces mesures, l’infection aurait bientôt atteint l’os et la jambe aurait dû être amputée.

Des moyens simples pour une aide efficace

« La pauvreté que l’on rencontre dans les bidonvilles pakistanais est bouleversante », raconte le docteur Kuhn. À cause de leurs conditions de vie, de nombreuses personnes de 30 ans ont l’air d’en avoir le double. Pour les aider, il suffit souvent de peu de choses : des moyens simples peuvent avoir de grands effets. Aidé de nos partenaires sur place, le docteur Kuhn a distribué des colis de nourriture aux plus nécessiteux. « Souvent, il suffit d’expliquer aux personnes comment elles peuvent se nourrir de façon équilibrée. » Une maman est venue avec son garçon qui se plaignait avoir très mal au ventre. Le docteur Kuhn a tout de suite compris qu’il s’agissait de ballonnements dus à une alimentation non diversifiée composée de haricots et de lentilles.

D’autres patients ont été aidés assez simplement : une jeune femme travaillant jusqu’à 15 heures par jour dans une usine de textile souffrait de forts maux de dos ; le docteur Kuhn lui a montré quelques exercices physiothérapiques qui lui ont procuré un soulagement presque instantané.

Nos partenaires de mission pakistanais suivent les patients afin que ces derniers ne négligent pas leurs thérapies : ils les envoient pour un contrôle auprès d’un médecin soutenu par CSI, où ils sont pris en charge gratuitement.

Malheureusement, il est quelquefois trop tard : une femme nous a montré son cou, où elle avait une excroissance de la taille d’un œuf. Le médecin a diagnostiqué un cancer de la thyroïde à un stade très avancé. Il était déjà trop tard pour une opération et une chimiothérapie.

Famille au comble du bonheur

Heureusement, le docteur Kuhn a pu apporter une aide précieuse dans de nombreux cas. Sarfaraz Younus a été envoyé dans une clinique aux frais de CSI. Une radiographie de son épaule a révélé une ancienne fracture ressoudée. Le docteur Kuhn lui a prescrit un antidouleur et a obtenu une place dans un programme de physiothérapie. Le résultat a été fulgurant : « Après quelques jours, le patient pouvait déjà lever son bras presque à l’horizontale », déclare le médecin heureux. La famille de Younus est au comble du bonheur.

Luise Fast


CSI soutient des écoles

En plus des visites médicales, le docteur Felix Kuhn s’est aussi rendu dans deux écoles chrétiennes qui sont partiellement financées par CSI. Il a également donné le premier coup de pioche pour la construction d’une troisième école. « Les écoles sont précieuses pour l’avenir des chrétiens au Pakistan », déclare Felix Kuhn. Elles sont conscientes de la pauvreté qui règne dans la population chrétienne et renoncent à demander des frais d’écolage aux plus défavorisés. « Le travail doit se poursuivre », dit le docteur Kuhn.


Livres au sujet du Pakistan

Vous pouvez commander deux livres concernant le Pakistan auprès de CSI, le premier en français, le second en allemand.

Dans le premier, la chrétienne Asia Bibi raconte sa vie en liberté avant d’évoquer son emprisonnement. En 2010, elle a été condamnée à mort pour blasphème du prophète Mahomet. Elle est encore en prison. Nous avons lancé plusieurs campagnes de protestation en faveur de sa libération – malheureusement sans succès jusqu’à aujourd’hui.

Asia Bibi, Blasphème, Paris, Oh ! Éditions, 2011.

Le second livre (en allemand) traite de la situation des femmes et des filles chrétiennes au Pakistan. Régulièrement, des chrétiennes sont enlevées par des musulmans. Le journaliste Daniel Gerber s’est entretenu avec les victimes et leurs familles. Dans ce livre, il fait état de ces rencontres.

Daniel Gerber, Mir blieben nur Gebet und Tränen, Basel, Brunnen-Verlag, 2011.

Pour passer commande :

info@csi-suisse.ch | 031 971 11 45

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