Atong grandit à Malou, sur un haut plateau d’Aweil Est. Les 17 premières années de sa vie s’y déroulent paisiblement. Un jour, aux portes du village, des combats ont lieu entre l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et des milices arabes qui tentent une percée. Lorsque les coups de fusil s’approchent, tout le village panique.
Atong perd de vue ses parents et tente de se réfugier dans la forêt voisine. Mais avant d’atteindre le bois, elle est soudainement saisie par des combattants arabes. « Ils m’ont plaquée au sol. L’un d’entre eux se tenait debout en mettant tout son poids sur mes jambes ; je ne pouvais plus bouger », se souvient Atong.
Atong et de nombreux autres prisonniers sont obligés de suivre leurs ravisseurs en direction du Nord. Au cours de cette marche terrible, elle doit assister à trois reprises à des exécutions. « J’avais une peur terrible et durant tout le voyage, j’ai adopté un profil aussi bas que possible », explique Atong. Malgré ces précautions, elle est violée par ses ravisseurs.
Humiliée et battue
Arrivée au Soudan, Atong est donnée comme esclave à un chef arabe, Mohammed. Elle remarque rapidement que les deux épouses de ce dernier la détestent. Atong doit nettoyer la maison, faire la lessive et transporter de l’eau. « Je pouvais me donner toute la peine que je voulais… les épouses de Mohammed trouvaient toujours une raison pour me battre sans merci », se souvient Atong.
Sous la pression de Mohammed, Atong doit apprendre l’arabe et se convertir à l’islam. En tant qu’« Alima Mohammed », elle doit aussi subir les terribles mutilations génitales. Enfin, elle doit épouser un vieil homme arabe qui abuse régulièrement d’elle.
Après dix-huit ans de supplice, Atong est près du désespoir. Mais à la fin de l’été 2016, tout change ! Adam Musa s’approche d’elle et lui propose de s’enfuir avec lui. Après quelques hésitations, Atong risque le tout pour le tout. Adam l’emmène en lieu sûr, où elle retrouve d’autres esclaves libérés. Après plus d’une semaine, ils atteignent tous le Soudan du Sud. « Je suis si reconnaissantes de pouvoir vivre à nouveau comme femme libre dans mon pays. »
Reto Baliarda
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