Une jeune mère échappe aux djihadistes après plusieurs mois de captivité

La Nigériane Rebecca Bitrus a été déportée par Boko Haram à la suite d’un assaut contre son village. Durant sa captivité, elle est mise enceinte par un terroriste, mais elle pourra finalement s’échapper à la faveur d’une attaque de l’armée nigériane.

Rebecca prend bien soin de son fils, même si le père est un combattant de Boko Haram. (csi)

C’est dans le camp de réfugiés de l’Église catholique de Maiduguri que le responsable CSI Franco Majok rencontre Rebecca Bitrus. Elle donne une impression de sérénité qui contraste avec les choses terribles qu’elle a vécues. Son fils cadet marche encore de façon mal assurée et il s’appuie souvent à sa maman lors de l’entretien. Bien sûr, il n’y est pour rien, mais l’enfant rappellera toujours à sa mère les horreurs de sa captivité, puisque le père est un membre de la milice terroriste Boko Haram.

Rebecca est une femme vaillante et elle ne refuse pas d’évoquer avec Franco Majok les horreurs de ces derniers mois.

« Je viens du village de Pulka, situé non loin de Gwoza. Ma vie heureuse avec ma petite famille a brusquement basculé en août 2014. Ce jour-là, j’étais en train de travailler avec mon mari et mes enfants dans notre ferme, lorsque nous avons été surpris par une déflagration. Les habitants du village sont partis en courant et en criant qu’il fallait fuir. Nous avons aussi entendu des coups de feu et nous avons compris que les milices de Boko Haram nous attaquaient. Cela s’est passé en fin de journée, et nous étions harassés par la longue journée de travail. Mais il n’y avait rien d’autre à faire que de s’enfuir.

Son fils est noyé sous ses yeux

Avec mon mari, nous courions pour notre vie. Nous portions nos enfants dans les bras. Nous voyions que Boko Haram abattait systématiquement les hommes capturés. J’étais terrorisée à l’idée que mon mari soit pris et je lui ai dit de lâcher notre fils aîné pour le laisser courir lui-même. Il a ainsi pu courir plus vite et échapper à la mort.

Quant à moi, j’ai été rattrapée et prise par Boko Haram avec mes deux fils. Ils m’ont arraché mon aîné (celui que mon mari avait fini par laisser courir seul) pour le jeter dans le fleuve, où je l’ai vu mourir dans d’atroces souffrances.

Esclave violée

Les djihadistes nous ont amenés dans un camp de prisonniers d’un village situé dans la forêt de Sambisa. Là-bas, mon fils cadet a été vendu comme esclave. Quant à moi, j’ai été donnée comme esclave à un combattant de Boko Haram. Ce dernier m’a régulièrement violée et j’ai même eu un fils de lui. Malgré ces événements terribles, je me suis accrochée à l’espoir de pouvoir un jour quitter ce camp.

L’armée favorise sa fuite

J’ai dû travailler pour les femmes de Boko Haram et prendre soin de leurs cheveux, ce qui m’a permis de gagner un peu d’argent pour racheter mon fils. Un jour, le camp a été attaqué par l’armée nigériane. J’ai compris tout de suite que l’occasion était venue pour moi de fuir : j’ai donc pris mes enfants et j’ai couru sans me poser de questions ! Presque sans m’arrêter, j’ai parcouru environ 30 kilomètres en portant mon plus jeune enfant sur le dos.

J’ai finalement atteint un village nommé Nchard, où nous avons été remis à l’armée. Après avoir raconté ma terrible histoire à un responsable, j’ai eu une immense surprise : mon nom a permis de retrouver mon mari ! Je pouvais à peine croire qu’il était possible de goûter à nouveau le bonheur de le serrer dans mes bras, après un si long temps de captivité et d’incertitudes. Je remercie mon époux d’être resté avec moi malgré la présence de mon enfant ‹ étranger ›. Je remercie aussi Dieu infiniment : quel bonheur d’avoir pu trouver une protection pour toute la famille dans le camp de l’Église catholique à Maiduguri ! »

Grâce à l’aide de CSI, Rebecca a pu ouvrir un petit commerce. Elle a confiance qu’elle pourra par ce moyen subvenir aux besoins de sa famille.

Reto Baliarda

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