29 mai 2017

Humilié et battu

Mourter Garang Mourter a été esclave durant trente ans. Enfin, il a réussi à s’enfuir. Le Sud-Soudanais est infiniment reconnaissant envers CSI : aujourd’hui, il peut à nouveau vivre dans sa patrie.

Durant trente ans, Mourter a dû endurer les brimades et les humiliations. Soulagé, il montre maintenant le formulaire qui atteste sa libération. (csi)

Mourter se souvient d’un petit garçon, un jour ensoleillé, qui jouait dans la rue. Soudain, des milices arabes attaquent des positions de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) ainsi que son village de Rumaker.

Apeuré, le petit garçon s’enfuit à toute jambe et se cache dans les buissons. Mais en vain ! « Les Arabes m’ont trouvé, capturé et attaché à un cheval », raconte-t-il au conseiller de fondation CSI Markus Weber lors d’une des dernières actions de libération d’esclaves.

Il ne se souvient que vaguement du chemin vers le Nord. « Mais je sais que nous ne recevions de l’eau que tous les deux jours. »

Forcé à se convertir à l’islam

Après plusieurs jours, le groupe atteint la localité d’Abujabiir, au Nord (Soudan actuel). Là, Mourter est livré comme esclave à un homme, Yousif Abakar, qui est dorénavant « responsable » du garçon. Mourter doit garder les chèvres de son maître. En outre, après être rentré du champ, il doit se rendre chaque soir à la mosquée. « Cela me répugnait, mais je n’avais pas le choix », déplore-t-il.

Les menaces de mort ne l’effraient pas

Durant trente ans, Mourter doit supporter comme esclave les humiliations et les châtiments de Yousif. Au cours de cette interminable période de souffrance, il est complètement délaissé ; il ne peut pas aller à l’école et ne voit jamais de médecin. « Un jour, j’ai couru le plus loin possible parce que je ne supportais plus mon existence. Mais mon maître m’a de nouveau capturé. Il m’a terriblement battu et m’a menacé de me tuer si j’osais recommencer. »

Cette menace ne lui fait que peu d’effet. En automne 2016, le jeune homme tente à nouveau de fuir. Cette fois, il peut échapper à son maître cruel. Mourter se souvient : « Avant ma fuite, j’avais appris que le libérateur d’esclaves Osman Bashir se trouvait dans le village voisin d’Adiila. Je savais que c’était ma chance ! Pendant deux jours et deux nuits, j’ai couru d’Abujabiir à Adiila. J’ai eu beaucoup de chance d’y trouver encore Osman. Il m’a emmené avec d’autres esclaves libérés au Soudan du Sud. »

Tous les esclaves doivent être libérés

Mourter, fou de joie, est reconnaissant envers CSI de pouvoir à nouveau vivre dans sa patrie comme homme libre. Il n’a pas de plus grand désir que de retrouver sa famille. Il espère aussi que tous ses « frères et sœurs », qui sont encore asservis au Soudan, vont pouvoir, un jour, rentrer à la maison comme hommes libres.

Reto Baliarda

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