Avant la fin de l’esclavage, pas d’État stable au Sud-Soudan

Le 16 juin 2011, John Eibner, docteur en histoire, a présenté le sujet de l’esclavage au Soudan en tant qu’expert devant une commission parlementaire des États-Unis. Il a démontré que les racines de ce système sont principalement le racisme et le fanatisme religieux. Une paix durable au Sud-Soudan ne sera possible que lorsqu’on verra la fin de l’esclavage.

John Eibner. (csi)

Monsieur John Eibner a sommé les membres de la Chambre des représentants des États-Unis de s’engager pour l’abolition de l’esclavage au Soudan. John Eibner est le directeur de notre représentation aux États-Unis. Depuis 1992, il se rend régulièrement au Soudan pour documenter l’esclavage et faciliter la libération d’esclaves.

« Une guerre des conceptions du monde »

Selon des sources du gouvernement nord-soudanais, plus de 35 000 personnes sont encore asservies au Nord. La plupart d’entre elles ont été capturées au Sud-Soudan par des milices armées nord-soudanaises pendant la guerre civile (1983-2005) entre les deux parties de cet ancien État.

Ces milices étaient soutenues par le gouvernement arabe islamiste du Nord-Soudan. Il utilisait l’asservissement comme punition collective pendant la guerre civile et l’appliquait contre les noirs Africains chrétiens et animistes qui se révoltaient. Le point de départ de l’esclavage est donc une « guerre des conceptions du monde », la vision du monde arabo-islamique étant confrontée aux usages afro-chrétiens et traditionalistes.

Le nouvel État du Sud-Soudan est-il rongé par un ulcère ?

John Eibner a évoqué un rapport de l’année 2002 qui avait été financé par le gouvernement américain. Jusqu’à présent, ses recommandations n’ont guère été suivies, mais il est essentiel qu’elles le soient enfin. Plusieurs éléments manquent cruellement :

  • une autorité soudanaise financièrement transparente qui soit à même de chercher, libérer et rapatrier les esclaves ;
  • un programme de recherche abordant tous les aspects de l’esclavage au Soudan ;
  • une autorité de surveillance, composée de membres étrangers et autochtones, pour vérifier le respect de l’abolition de l’esclavage.

Si l’esclavage n’est pas surmonté, avec le racisme et le fanatisme religieux qui en font partie, un ulcère mortel restera toujours latent au Soudan. Cela empêcherait la réconciliation et saperait toute perspective de paix durable et de stabilité dans le nouvel État du Sud-Soudan.

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