29 novembre 2016

Enlevée à 3 ans

Trop jeune pour être asservie ? Akuol Garang Deng avait 3 ans lorsqu’elle a été déportée par des milices arabes. Durant 15 ans, elle a été l’esclave d’une famille nombreuse. En outre, elle a été mariée de force. Akuol est reconnaissante de pouvoir maintenant vivre en liberté au Soudan du Sud.

En 2001, Akuol Garang Deng a été enlevée alors qu’elle était toute petite… depuis quelques mois, cette jeune femme de 18 ans est libre. (csi)

Même si l’enlèvement a eu lieu il y a plus de 15 ans, alors qu’elle était encore une petite enfant, Akuol se souvient très bien de ce jour terrible. Elle était sur le chemin pour se rendre chez sa grand-mère lorsqu’elle a été prise entre les feux de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et des milices arabes. La petite fille a été enlevée par les Arabes et déportée, avec d’autres Dinka prisonniers, au nord du Soudan. Pour Akuol, ce voyage de plusieurs jours a été une immense torture.

Humiliée et forcée à se marier

Arrivée au Nord, cette fillette innocente est vendue au paysan arabe Hessian Ahmed. Ce dernier a deux épouses et dix enfants. Mais personne ne prend en compte la jeunesse de la nouvelle arrivée. Elle passe son temps à nettoyer la maison. Quand elle grandit, des travaux de plus en plus durs lui sont attribués. Elle doit même ramasser le bois de feu pour cuisiner ou faire la lessive.

Hessian et les membres de sa famille humilient la jeune esclave chaque fois que l’occasion se présente. « Souvent, ils me traitaient d’‹ esclave › ou de ‹ jiengi › (nègre). Ils m’ont aussi forcée à devenir musulmane. » Mais le maître impitoyable va plus loin encore : il force son esclave à épouser un vieil homme, Mohammed. « Cet homme est le père de ma fille Fedie que j’ai dû laisser au Soudan », dit-elle résignée, car la fuite avec le libérateur d’esclave Adam a eu lieu dans la précipitation.

Depuis le 25 juin 2016, Akuol Garang Deng est une femme libre. Elle en est infiniment reconnaissante. Même si ses souvenirs d’enfance liés à sa patrie doivent être bien ténus, elle déclare radieuse : « Je ne pourrais pas être plus heureuse ! Je me trouve à nouveau au Soudan du Sud. » Akuol espère encore qu’elle trouvera ici des membres de sa famille. CSI lui a donné un « kit de survie » et une chèvre. Notre organisation collabore avec des Églises locales pour réunir des familles déchirées par les enlèvements.

Reto Baliarda