Il échappe à la mort

Dans l’État fédéré de Kaduna, il y a toujours plus d’attaques ciblées de la part des nomades peuls musulmans contre des villages chrétiens. La région relève du diocèse catholique de Kafanchan, avec lequel CSI collabore pour aider les victimes de l’extrémisme.

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La localité Godogodo est située dans l’État de Kaduna, au nord du Nigéria. L’insécurité et la peur ne datent pas d’hier, mais les attaques des nomades peuls fanatisés par des islamistes ne cessent de croître. Certains villageois comme Samuel Danjuma et sa famille ne veulent pas se laisser chasser. Jusqu’à récemment, cet agriculteur travaillait chaque jour pour les besoins de sa famille et pour la scolarisation de ses enfants.

Traqué jusque sous son lit

Le 24 septembre 2016, un coup du destin a complètement bouleversé la vie de cette famille et des autres villageois : ce samedi matin, des musulmans fanatisés de l’ethnie peule investissent ce village à majorité chrétienne. Panique générale ! La plupart des habitants – parmi eux, l’épouse de Samuel et ses enfants – s’enfuient à temps jusqu’au village voisin.

Mais pour Samuel, c’est déjà trop tard ; il peut tout juste se retirer dans sa hutte et se glisser sous son lit lorsque les assaillants se rapprochent. C’est aux cris d’Allah u Akbar qu’ils attaquent le village ; quelques hommes entrent dans la hutte de Samuel pour la fouiller. L’un des Peuls arrache le matelas et découvre Samuel sous le lit. Ils le traînent hors de sa cachette, le lacèrent avec leurs machettes et le blessent grièvement à la tête et aux épaules.

Comme Samuel perd connaissance et qu’il ne bouge plus, ses assaillants le tiennent pour mort. Ils l’abandonnent dans une mare de sang et mettent le feu à sa maison. Samuel raconte : « Quand je suis revenu à moi, ma maison était en flammes et j’avais des douleurs terribles. Mes pieds étaient déjà léchés par les flammes. Mais j’ai quand même pu m’échapper de la fournaise. » Une fois dehors, il s’effondre et ce n’est que le jour suivant qu’un autre survivant le trouve. Celui que Samuel appelle son « bon samaritain » l’emmène à l’hôpital, où il peut être pris en charge ; c’est à ce moment-là que sa famille reçoit de ses nouvelles.

L’hôpital est attaqué

Hélas, tout n’est pas terminé. Le jour suivant, une rumeur se répand rapidement : l’hôpital sera attaqué par les Peuls. Terrorisés, plusieurs employés quittent précipitamment l’établissement, alors que d’autres tentent de rester calmes au milieu du tumulte et réussissent à transférer quelques patients vers un hôpital du voisinage. Samuel se souvient : « Il n’y avait plus de place pour moi et plusieurs autres patients ; nous avons été parqués dans la rue et il a fallu nous débrouiller tout seuls. »

Sa femme parvient à le conduire chez une connaissance en ville, mais l’état de Samuel requiert des soins médicaux urgents. Le soulagement est infini lorsque le patient peut enfin être emmené, après quatre jours, vers une autre clinique. Samuel a donc la vie sauve et sa famille est à nouveau réunie.

En collaboration avec des partenaires locaux tels que le diocèse de Kafanchan, CSI soutient des personnes comme Samuel et sa famille en finançant des soins médicaux. Les habitants de la localité sinistrée de Godogodo ont été approvisionnés en denrées alimentaires et en aide médicale. Samuel et sa famille ont ainsi pu retourner chez eux. Ce père de quatre enfants espère pouvoir reconstruire sa maison détruite, retourner travailler à la campagne et pourvoir aux besoins de sa famille.

Reto Baliarda


Massacres de Godogodo et aide de CSI

La famille de Samuel Danjuma fait partie des 2819 habitants de Godogodo qui ont été expulsés de chez eux à la suite de l’attaque des Peuls du 24 septembre 2016. Les extrémistes ont massacré 30 habitants de ce village chrétien, en ont blessé 16 et ont détruit 326 maisons ainsi qu’une église.

CSI met tout en œuvre pour soulager la détresse de Godogodo et d’autres villages attaqués dans le sud de l’État de Kaduna. En collaboration avec le diocèse de Kafanchan, 50 grands sacs de riz, 250 litres d’huile de palme et diverses autres denrées ont été acheminés vers les victimes. Par ailleurs, les survivants aux attaques ont reçu des habits, des médicaments et du matériel scolaire.

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