Des rescapées du massacre s’épanouissent

Danses classiques, histoires et chorale : les enfants du foyer pour filles de Bhubaneshwar nous ont émus. Leur assurance semble presque irréelle quand on sait qu’elles ont échappé voici bientôt 8 ans aux pires atrocités perpétrées par des extrémistes hindous au Kandhamal !

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Le foyer de Bhubaneshwar (capitale de l’État indien d’Odisha) était décoré pour la fête. Dès leur arrivée dans cet établissement provisoire pour filles, les délégués CSI ont été accueillis cordialement par le couple qui dirige le foyer, Basanta et Susila Digal. Le partenaire CSI Ashish Parichha, de l’Indian Evangelical Association (IEA), le couple directeur de foyer et leur équipe avaient mis les petits plats dans les grands pour organiser une fête annuelle somptueuse.

Impressionnant et émouvant

Lors des productions proposées par les 70 jeunes filles du foyer, nous allions d’émerveillement en émerveillement. Les danses indiennes traditionnelles et modernes se sont succédé et nous avons été très touchés par le discours d’une fille de 10 ans qui s’est présentée en anglais (une langue qu’elle a apprise au foyer) et qui a déclaré avec une joie non dissimulée : « Ma branche préférée, c’est l’anglais ! ». Elle nous a dit toute sa reconnaissance d’avoir trouvé un refuge dans le foyer après les attaques de 2008 au Kandhamal. Les chants offerts par le chœur de jeunes filles ont été très émouvants, notamment l’interprétation du célèbre « Give thanks with a grateful heart » (Merci d’un cœur reconnaissant), qui illustrait bien le sentiment des résidentes du foyer : elles ont trouvé une foi, une force et une espérance réelles dans une atmosphère empreinte d’amour. Elles reçoivent en outre une formation scolaire complète à même de leur ouvrir de bonnes perspectives d’avenir.

Du secours au bon moment

Les productions dont nous avons été gratifiés ont été un immense encouragement pour chacun, surtout quand on sait d’où ces jeunes filles ont été tirées.
En effet, c’est en août 2008 qu’une foule d’extrémistes hindous a attaqué des villages chrétiens du district du Kandhamal, tuant une centaine de personnes. De nombreuses filles du foyer ont même assisté au massacre de leurs parents et ont réussi à s’échapper en se cachant plusieurs jours dans les forêts avoisinantes, en proie aux angoisses les plus indicibles.

Si aujourd’hui, sept ans et demi après ces faits, ces mêmes filles peuvent rayonner de joie et d’optimisme, elles le doivent avant tout à Basanta et Susila Digal qui, lors de leur fuite, ont su voir cette détresse poignante qui leur a donné à tous les deux la vision d’un foyer pour orphelines. Peu après avoir rejoint Bhubaneshwar, Basanta et Susila Digal ont donc ouvert un foyer pour filles, qui comptait d’abord 25 résidentes, mais qui en accueille aujourd’hui 70.
Cette année encore, CSI prévoit la construction d’un nouveau bâtiment qui portera le nombre de places à 100 jeunes filles. Nos collaborateurs sur place se réjouissent déjà de leur nouvelle activité et Basanta déclare : « Les enfants sont l’avenir de notre pays ! »

Reto Baliarda


Elle naît en pleine fuite

Au terme de la fête, la responsabe CSI pour l’Inde s’est entretenue avec Pavani* : sa fille Raveena* est née en 2008, alors qu’elle s’enfuyait du Kandhamal vers Bhubaneshwar. Le père de la petite est décédé d’un cancer en 2014. Comme Pavani était sans emploi et ne pouvait subvenir aux besoins de ses enfants, elle a été recueillie par le foyer de jeunes filles en juin 2015.

Pavani ne compte pas revoir son fils, qui vit avec ses grands-parents au Kandhamal. Malheureusement, il est peu probable qu’elle y retourne un jour. En effet, les extrémistes hindous ont confisqué son terrain suite aux massacres de 2008 et la famille de son mari décédé a subi le même sort. Elle tente bien de mettre la main sur l’acte de propriété dont ils ont été spoliés, mais les chances de récupérer leurs biens sont minces pour les deux familles. Raveena pourra néanmoins venir habiter avec les autres jeunes filles dans le nouveau foyer.


Ordonnance du gouvernement exigeant un retour au Kandhamal

Selon une décision gouvernementale, les enfants orphelins doivent résider dans un foyer situé dans leur district d’origine. Étant donné que toutes les filles concernées viennent du Kandhamal, CSI va construire cette année encore un nouveau foyer situé dans cette circonscription, en un lieu central et sûr. Il est clair qu’il est positif que les filles puissent habiter dans leur patrie, où elles seront près de leur parenté encore en vie. En Inde, les liens familiaux sont en effet très importants, car ils leur assurent sécurité et protection.

* Prénom fictif

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