Des églises fermées les unes après les autres

L’Algérie se retrouve sous les feux de l’actualité médiatique depuis février 2019 en raison des manifestations massives qui ont conduit, entre autres, à la démission du président Abdelaziz Bouteflika. Mais un autre développement mérite cependant toute notre attention : des églises sont régulièrement fermées. Nous demandons la pleine liberté de religion en Algérie.

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Le 26 août 2019, la mise sous scellés de l’église « Prince de la Paix », qui compte environ trois cents membres, a d’abord pu être reportée. Les responsables d’Église ayant été informés la veille d’une fermeture imminente, des chrétiens de trente-trois Églises différentes se sont réunis ce jour-là dans l’église « Prince de la Paix » à Ighzer Amokrane (province de Béjaïa) non loin de la côte Méditerranéenne. Ils ont accroché des affiches de protestation et ont refusé de quitter le bâtiment. Des responsables de l’association faîtière des Églises protestantes ont affirmé à la police, par le biais de leur avocat, que l’ordre de fermeture n’était pas valable du fait qu’il ne provenait pas d’un tribunal. Finalement la police s’est retirée sans rien faire.

L’un des responsables d’Église a déclaré à Morning Star News, un portail d’information sur la persécution des chrétiens : « Nous allons continuer à placer notre confiance en Dieu. La main qui a signé l’ordre de fermeture finira par signer le document qui l’annulera. » Le 28 août, des représentants de l’association faîtière protestante ont encore cherché le dialogue avec les autorités provinciales, mais en vain : le 2 septembre au matin, les policiers sont revenus pour sceller l’église « Prince de la Paix ».

La police intervient en plein service religieux

La fermeture de l’église « Prince de la Paix » intervient seulement quatre semaines après celle d’une autre église d’une centaine de membres à Boudjima (province de Tizi Ouzou qui, tout comme la province de Béjaïa, se trouve en Kabylie).

Comme le rapporte Messaoud Takilt, le pasteur de l’église concernée, les policiers se sont introduits en plein service religieux et lui ont accordé trois jours pour libérer les lieux. Ils y sont revenus le 6 août, à nouveau au milieu d’une célébration, pour mettre à exécution la fermeture. Les membres de la communauté ont d’abord refusé de quitter l’église, puis ont finalement dû céder. Le pasteur Takilt témoigne que « plusieurs fidèles ont quitté l’église en pleurant ».

Déjà sept églises fermées

L’Église de Boudjima a été fondée en 2006. Elle est affiliée, tout comme environ quarante autres Églises, à l’Église protestante d’Algérie (EPA) légalement reconnue. Depuis novembre 2007, la plupart de ces Églises ont dû prouver qu’elles disposaient des autorisations nécessaires conformément à une loi datant de 2006 ; cette loi oblige à demander une autorisation pour les bâtiments religieux non musulmans. Selon le Middle East Concern (une organisation chrétienne de défense des droits de l’homme engagée pour les chrétiens persécutés), le gouvernement n’a à ce jour encore délivré aucune autorisation. Au cours des deux dernières années, de nombreuses Églises ont reçu l’ordre de cesser toutes leurs activités. Entretemps, au moins sept églises ont été fermées car elles ne disposaient pas de l’autorisation requise.

Certaines communautés essayent de continuer à célébrer leurs services religieux en plein-air ou dans des maisons privées, ce qui peut s’avérer risqué : selon l’Alliance évangélique mondiale, un chrétien a été amendé l’année dernière pour avoir dressé une tente de réunions sur son terrain afin de remplacer l’église fermée.  

La discrimination doit cesser

En Algérie, l’islam est la religion d’État. Environ 98 % des 40 millions d’habitants sont musulmans. Le nombre de chrétiens s’élève à environ 60 000. Ce chiffre va en augmentant et l’hostilité envers eux s’est accrue proportionnellement au cours des deux dernières années. Dans une lettre adressée au gouvernement en mai 2018, l’EPA déplore que les chrétiens puissent être intimidés du simple fait de posséder une bible et risquent la persécution. L’EPA demande qu’il soit mis un terme à la discrimination contre les chrétiens et le respect des droits fondamentaux des citoyens. CSI se rallie à cette demande et vous invite également à faire de même.

Morven McLean

Sources : Middle East Concern, Morning Star News


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