25 septembre 2017

De longues peines de prison pour les convertis

En Iran, les chrétiens sont reconnus officiellement. Au quotidien, ils sont cependant soumis à de nombreuses restrictions. Les anciens musulmans qui se convertissent sont condamnés à de longues peines de prison pour menace à la sécurité nationale.

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Le 1er août 2017, après plus de quatre ans de prison, Maryam Naghash Zargaran a été libérée de la prison malfamée d’Evin, à Téhéran. La santé de cette ancienne musulmane convertie au christianisme s’est gravement détériorée au cours de sa détention ; à plusieurs reprises, elle a entamé une grève de la faim parce qu’elle n’était pas soignée convenablement.

Peu avant sa mise en liberté, la direction de la prison lui a intenté une nouvelle accusation : elle aurait apostrophé le médecin de la prison après qu’un prisonnier lui a cassé la jambe. En effet, elle avait osé se plaindre parce que le docteur Khani refusait de la soigner, alors qu’elle souffrait de terribles douleurs. Finalement, la chrétienne n’a pas été accusée officiellement. « Avec ces nouvelles accusations, on voulait seulement me tracasser et m’effrayer », déclare Maryam sur le site internet iranhumanrights.org. La police iranienne invente régulièrement de nouvelles accusations pour mener la vie dure aux prisonniers après leur mise en liberté. De plus, Maryam n’a pas le droit de quitter l’Iran durant les six premiers mois après sa libération.

Quinze ans pour Naderi

Le sort de l’ancien musulman Amin Afshar Naderi est particulièrement grave. Le 26 août 2016, il est arrêté avec d’autres chrétiens lors d’un pique-nique à Firuzkooh, au nord-est de Téhéran.

Son procès a lieu les 3 et 4 juillet 2017. Le nouveau chrétien est condamné à 15 ans de prison et deux ans d’exil : dix ans pour s’être engagé activement dans une Église de maison (il est de ce fait considéré comme menace pour la sécurité nationale, une accusation fréquemment utilisée contre les anciens musulmans) et cinq ans pour blasphème.

Une grève de la faim pour attirer l’attention

En février 2017, Amin Afshar Naderi et Hadi Asgari, un autre chrétien emprisonné, entament pour la première fois une grève de la faim parce que l’infection intestinale de ce dernier n’a pas été soignée. Début juillet 2017, Amin Afshar Naderi commence à nouveau une grève de la faim de trois semaines pour attirer l’attention sur les conditions catastrophiques qui règnent dans la prison d’Evin ; après trois jours, il envoie une lettre au juge pour critiquer ses conditions de détention : « Depuis une année, je tolère toutes les offenses de la part des autres prisonniers, des gardiens et de vous tous. Qu’est-ce que j’ai fait contre vous et votre pays que vous me haïssiez tant ? J’ai appris dans la Bible à aimer mes ennemis et à prier pour eux. Mais vous, qu’avez-vous appris ? » Par ailleurs, il accuse la direction de la prison d’avoir refusé à des représentants internationaux de le voir le 5 juillet.

Mis sous pression pour revenir à l’islam

Il interrompt sa grève de la faim seulement le 25 juillet 2017, quand il bénéficie d’une libération provisoire sous caution (environ 80 000 francs) jusqu’au procès en appel. Heiner Bielefeldt, l’ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction, explique ce qui s’est passé : « Des cautions extrêmement élevées sont exigées, sachant qu’elles ne pourront être payées que par une famille nombreuse. Cela crée une pression pour que l’accusé revienne à l’islam. »

Maryam Naghash Zargaran et Amin Afshar Naderi ne sont pas des cas isolés. En principe, les musulmans qui abjurent l’islam peuvent même être condamnés à mort pour apostasie, comme le pasteur évangélique Yousef Nadarkhani en 2010. Certes, la peine de mort n’a plus été prononcée ces dernières années, mais la pression subie par les convertis n’a pas diminué : en 2016 seulement, au moins 193 chrétiens, dont un bon nombre de nouveaux convertis, ont été incarcérés en Iran. En outre, dans la période d’avril à juin 2017, un seul juge a condamné au moins 16 chrétiens à des peines de réclusion de cinq à dix ans.

Reto Baliarda

Sources : msn, moh, wwm, Jahrbuch Verfolgung und Diskriminierung von Christen 2015, welt.de, welt-sichten.org


Iran et Arabie saoudite – la lutte pour l’islam véritable

Dans la lutte pour la prédominance dans le monde islamique, l’Iran chiite veut montrer qu’il incarne l’islam véritable, par opposition à l’Arabie saoudite sunnite : il désire endosser le rôle de la puissance qui doit détruire Israël, alors que la dictature saoudienne s’allie militairement avec les États-Unis pour garantir sa sécurité.

Par contre, en comparaison avec l’Arabie saoudite, l’Iran apparaît plus modéré en ce qui concerne sa politique intérieure : alors qu’en Arabie saoudite, il n’existe aucune liberté de religion – seuls des musulmans peuvent être des citoyens et ceux qui abjurent l’islam sont automatiquement condamnés à mort –, en Iran, le droit à la liberté de religion est tout de même inscrit dans la Constitution. Les chrétiens, les zoroastriens et même les juifs sont officiellement reconnus comme des minorités religieuses. Ils sont certes traités comme des citoyens de seconde classe, mais ils ont le droit de pratiquer par principe leur religion tant qu’ils restent entre eux et qu’ils ne tentent pas de recruter des adeptes ! Cependant, seules les anciennes confessions chrétiennes, comme les Arméniens ou les Assyriens, sont reconnues comme chrétiennes. Les membres de communautés évangéliques ne sont donc pas considérés comme des chrétiens et les anciens musulmans qui se convertissent sont assidûment persécutés, comme cela est exposé dans les exemples de l’article principal.

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