Communiqué de presse | Menacé pour avoir révélé la vérité sur les massacres qui ont lieu dans la ceinture centrale du pays, Obadiah Mailafia fait face au harcèlement de l’État et aux menaces de mort après une interview à la radio

Le Dr Obadiah Mailafia, ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale du Nigéria, a été contraint de prendre des mesures de sécurité extraordinaires après avoir reçu des menaces de mort et avoir été interrogé à plusieurs re-prises par des agents de la sécurité nationale. Ces menaces ont été proférées après que le Dr Mailafia a publiquement contesté les récits officiels concernant le meurtre et le déplacement généralisé de civils dans la ceinture centrale du Nigéria.

Un homme est assis devant sa maison réduite en cendres dans le sud de l’État fédéré de Kaduna après une attaque perpétrée par une milice peule. (Catholic Diocese of Kafanchan)

Dans une interview radiophonique donnée le 10 août 2020, le Dr Obadiah Mailafia a rapporté que les attaques dévastatrices des milices islamistes peules contre les communautés agricoles indigènes majoritairement chrétiennes de la ceinture centrale du pays font partie d’un projet politique et ont pris des proportions génocidaires. Le but ultime, a affirmé M. Mailafia, est de chasser les peuples autochtones de leurs terres ancestrales et de transformer la ceinture centrale en pâturages pour les bergers peuls. Il estime que le fragile équilibre politique du Nigéria pencherait de manière décisive en faveur de l’islamisme militant si ce projet aboutissait. M. Mailafia a franchi une ligne rouge politique en déclarant que les auteurs de ces actes reçoivent un soutien matériel et politique de la part d’éléments au sein de l’État nigérian. « Le gouvernement participe aux meurtres, a-t-il déclaré. Il n’y a aucun doute à ce sujet. »

Le Dr Mailafia a rejeté la version couramment récitée par le président nigérian Muhammadu Buhari ainsi que par les médias occidentaux et les analystes politiques, selon laquelle les meurtres de la ceinture centrale sont un affrontement sur l’utilisation des terres entre « agriculteurs et bergers », aggravé par le changement climatique. « Ceux qui utilisent ce genre de langage sont complices du génocide, a-t-il dit. Ce qui se passe est une continuation du djihad. Le but est d’exterminer les gens et de s’emparer de leurs terres. »

La notoriété du Dr Obadiah Mailafia ajoute à la gravité de ces accusations. Né dans la ceinture centrale du Nigéria, dans l’État fédéré de Kaduna, M. Mailafia est un éminent économiste nigérian, spécialiste du développement, qui a été gouverneur adjoint de la Banque centrale du Nigéria de 2005 à 2007 et chef de cabinet de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) à Bruxelles de 2010 à 2015. En 2019, il s’est présenté à la présidence du Nigéria en tant que candidat du parti African Democratic Congress.

Peu après son entretien à la radio, le Dr Mailafia a commencé à recevoir des menaces de mort et des avertissements de complots contre lui au sein de l’establishment de la sécurité. Il a été détenu et interrogé à plusieurs reprises par les forces de sécurité nigérianes, et sa libération de détention a été conditionnée par la signature d’un engagement de silence. Craignant pour sa vie et sa liberté, il a maintenant pris la décision de ne pas révéler où il se trouve.

Les niveaux de violence commis par les milices peules dans la ceinture centrale du pays rivalisent désormais avec ceux du groupe terroriste Boko Haram, bien plus connu. Les extrémistes peuls sont responsables de la plupart des décès liés au terrorisme au Nigéria en 2018, sans parler du déplacement de 300 000 personnes, selon le Global Index of Terrorism (2019).

Christian Solidarity International (CSI) condamne le harcèlement du Dr Obadiah Mailafia et appelle les responsables nigérians à cesser de persécuter et d’intimider les voix critiques. Alarmé par la montée de la violence sectaire au Nigéria, CSI a émis un avertissement de génocide en janvier 2020 et a appelé les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU à remplir leurs obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (CPRCG) de 1948.

John Eibner, président de Christian Solidarity International, a déclaré : « Le Dr Obadiah Mailafia a décrit la réalité du nettoyage ethnique et religieux qui se déroule dans le sud de l’État fédéré de Kaduna et dans la ceinture centrale du Nigéria. Il paie maintenant un lourd tribut pour avoir dit la vérité. »

Plus d’informations

Christian Solidarity International (CSI) est une organisation chrétienne humanitaire internationale de défense des droits de l’homme pour la liberté de religion et la dignité humaine. Elle fournit une aide matérielle aux Nigérians touchés par la violence terroriste depuis 2013 et publie un site internet en anglais consacré au conflit nigérian : nigeria-report.org.

Contact

Joel Veldkamp | joel.veldkamp@csi-int.org

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