Christian Solidarity International – De la libération des esclaves au secours des persécutés (Gérard Patrimonio)

Recension de Roland Baertschi, lecteur CSI

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L’histoire de CSI 1977-2006

Ce livre a été rédigé par Gérard Patrimonio, l’ancien président de CSI France et membre du Comité international de coordination du mouvement. Il en relate tout d’abord la naissance en 1977 due à l’action d’un pasteur de l’Église réformée de Zurich, Hansjürg Stückelberger, soucieux de la situation des chrétiens persécutés dans le monde, particulièrement en URSS. C’est ainsi qu’une marche silencieuse fut organisée qui réunit à Zurich plus de 10 000 personnes, en septembre 1975.

Et puis, il y eut l’intervention d’un prêtre orthodoxe russe au Congrès du Conseil mondial des Églises qui parlant du Corps du Christ y incluait les orthodoxes, bien sûr, mais aussi les catholiques, les baptistes, les pentecôtistes, etc. Cette déclaration bouleversa Hansjürg Stückelberger. Il fallait s’attaquer à la racine même du totalitarisme : l’absence de liberté de croyance. C’est ainsi qu’il se lança dans le projet de sa vie, la création d’une organisation chrétienne de défense des droits de l’homme et de la liberté de religion.

La chute du communisme devait entrainer un certain chaos, en particulier en Transcaucasie. C’est ainsi que la situation dans le Haut-Karabagh, minuscule enclave peuplée d’Arméniens, se dégradait, soumis qu’ils étaient au pouvoir azéri tout à la fois turc et de culture musulmane (le nombre de morts a été estimé à 30 000…). Les lettres de protestation ne suffisaient plus. Il fallait aller sur le terrain, franchir un blocus militaire. L’aide de CSI fut essentiellement médicale, complétée par l’envoi d’une nourriture d’urgence, le tout acheminé le plus souvent sous la menace des bombardements. Les comptes-rendus de ces actions étaient communiqués aux médias et aux donateurs, ce qui provoquait un changement de mentalité dans le public. C’est ainsi que CSI prit une nouvelle orientation, à très haut risque, se distinguant par-là d’autres organisations.

À partir de 1989, l’attention de CSI se tourne vers le Soudan. Une junte militaire vient de prendre le pouvoir. Le pays est particulièrement hétérogène, le Nord arabophone et musulman et le Sud, négro-africain et de religions chrétienne et traditionnaliste. La guerre sainte se développe dans 4 directions : les monts Nouba aux terres fertiles, le Sud, riche en pétrole, le Darfour, proche du Tchad, et l’est du pays. « C’est alors que nous avons décidé, en tant que membre de CSI, de nous rendre, de manière clandestine, dans le sud du pays, ravagé par 40 ans de guerre. En relation avec les chefs locaux et les responsables religieux de la région, nous avons pu apporter une aide humanitaire et médicale. » Mais, cela n’était pas suffisant. « ‹ Ce que nous souhaiterions, nous répétait-on, c’est avant tout, de retrouver nos femmes et nos enfants, qui ont été enlevés par les miliciens. › Mais, il fallut que survienne un raid esclavagiste à 20 km de là, (village incendié, hommes massacrés, bétail enlevé, femmes et enfants emmenés dans le nord pour servir d’esclaves) pour que nous prenions mieux conscience de la gravité de la situation. Mais, quel était l’objectif visé ? L’atroce vérité se fit jour : l’objectif visé n’était pas économique (une main d’œuvre bon marché !), mais bien politique : éradiquer d’un pays une partie de ses habitants. »

La libération de ces esclaves aurait été impossible sans la participation des populations locales, notamment les chefs des communautés, ainsi que les passeurs et les prêtres locaux. Ces passeurs exerçaient un métier dangereux. Parcourant le pays, à la recherche d’esclaves retenus par des propriétaires, ils en négociaient la libération ; puis il fallait organiser le retour vers le sud, de nuit… Finalement, ils étaient rassemblés dans des camps de regroupement. C’est là que CSI les retrouvait, des fiches de contrôle (formulaire de questionnement) étaient établies pour chacun. C’est ainsi que furent libérés 84 000 esclaves. Et puis, il fallut souvent négocier avec les tribus voisines des accords de paix pour les convaincre de renoncer à l’esclavage qu’elles pratiquaient entre elles, trop facilement.

Avec les années, la tâche de CSI prenait de l’ampleur. L’organisation suisse, à elle seule, ne pouvait tout assumer. Des filiales se mettent progressivement en place, avec le risque que chacune ne privilégie son propre projet. (En France, c’est le Père Humbrecht qui reprend le flambeau).

Mais les difficultés allaient s’aggraver. CSI est exclu du Conseil Économique et Social de l’ONU, le 26 octobre 1999, sans que les motifs de cette décision lui soient communiqués. Ce qui dans le fonds était contesté, c’était sa pratique de libérations d’esclaves. En février 2002 le Washington Post lance une série d’attaques contre la politique de rachat des anciens esclaves, affirmant que les dirigeants de CSI ont été dupés par des chefs et autres dirigeants civils locaux. Un avis que ne partage pas l’évêque catholique d’El Obeid.

Certes, les possibilités de corruption et de fraude sont toujours possibles ; partout où il y a de l’argent, le risque existe. Cependant, le journaliste à l’origine de ces accusations n’a pas été en mesure de fournir des preuves tangibles d’un seul faux esclave dont CSI aurait payé la rançon. Les mesures de protection anti-fraude n’ont même pas été mentionnées…

Dernier volet des interventions de CSI (jusqu’en 2006), celui en faveur des enfants, en particulier en Roumanie, après la fin du règne de Ceausescu. Les enfants, orphelins le plus souvent, étaient regroupés en grand nombre dans d’immenses bâtisses et souvent laissés à eux-mêmes. Après la chute du régime, CSI lance une expérience pilote consistant confier à de vraies familles ces enfants abandonnés.

Et les actions de CSI continuent à se développer… 

 

CHF 20.00
189 pages 
Éditions de Paris | 2006 
ISBN 978-2-85162-192-4

 

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