25 mai 2018

Avec Sœur Marie-Rose au quotidien

Notre partenaire CSI Sœur Marie-Rose a publié un livre en allemand qui présente plusieurs épisodes de sa vie mouvementée faite de fuite, d’altruisme et d’abnégation au cœur de la guerre. Ce livre paraîtra en français dans quelques mois.

Fatima est infiniment reconnaissante envers Sœur Marie-Rose d’avoir pu rendre visite à sa grand-mère au Liban. (csi)

À réserver ! Sœur Marie-Rose sera présente à la Journée CSI du 23 septembre 2018 à Lausanne.

Sœur Marie-Rose (nous l’appelions autrefois Sœur Sara pour des raisons de sécurité) dirige la congrégation des Sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie en Syrie. Elle a vécu à Homs, jusqu’à ce qu’elle quitte le couvent de cette ville à cause de la guerre. Comme des centaines de milliers de Syriens, elle a fui vers la côte méditerranéenne syrienne, une région à l’écart des combats.

De nombreux réfugiés sont rapidement tombés dans la misère et des enfants de réfugiés commençaient à mendier dans les rues. Avec l’aide de CSI, Sœur Marie-Rose a fondé un foyer d’accueil. Ci-après, un extrait du nouveau livre de Sœur Marie-Rose (voir encadré) consacré à l’une de ces enfants : Fatima.

La rencontre avec Fatima

« Lorsque j’ai installé le centre pour les enfants de réfugiés et mendiants, j’ai commencé à poser des questions à chaque enfant, assistée de mon équipe d’enseignants. Je voulais connaître leur origine, l’histoire de ce qui les a amenés jusque-là. L’une de ces histoires m’a particulièrement touchée.

« Fatima a aujourd’hui 12 ans. Elle vivait à Alep, dans une grande famille composée de ses parents, ses frères et sœurs, ses grands-parents, ses oncles et tantes ainsi que ses cousins et cousines. Sa vie était paisible à la maison et à l’école. Ce qu’elle appréciait avant tout, c’était le contact avec sa grand-maman Khadija, âgée de près de 80 ans. Elle passait souvent ses journées en sa présence, s’entretenant avec elle et s’occupant d’elle. Elle lui chantait des mélodies et lui apportait ses repas.

« En 2011, la guerre éclate en Syrie. D’abord, la famille ne sait pas quoi faire. Comme la plupart des habitants d’Alep, ils pensent que la guerre ne durera pas longtemps. Mais à partir de 2012, voyant que la situation s’aggrave et que les bombes commencent à pleuvoir juste à côté de chez eux, causant de nombreux dégâts, y compris aux maison, ils prennent la décision de partir.

Tout d’abord, ce sont ses oncles et ses tantes qui fuient avec leur famille vers la Turquie, d’où ils rejoignent la Suède une année plus tard. C’est ensuite au tour des grands-parents avec l’un de leurs fils et la famille de celui-ci de se réfugier au Liban. Fatima et sa famille ne peuvent pas aller plus loin que Tartous, sur cette côte syrienne où ils ne s’étaient encore jamais rendus. À Tartous, ils louent une maison qu’ils habitent durant huit mois, jusqu’à ce que le père ne puisse plus payer le loyer. Ils rejoignent finalement un centre pour réfugiés mis en place par l’État. Fatima ne peut plus aller à l’école. Et ce jusqu’à ce que je fasse connaissance de sa famille alors que j’essayais d’établir une liste des enfants réfugiés à Tartous.

Pourquoi Fatima est-elle si triste ?

« Lorsque Fatima peut intégrer notre centre, elle est folle de joie. Mais on devine malgré tout une profonde tristesse qui semble ineffaçable dans son regard et dans son comportement. Un jour, je la prends à part pour m’entretenir avec elle ; après de nombreuses tentatives pour percer sa carapace, elle finit par éclater en sanglots et me raconte que son seul souhait est de revoir sa grand-maman. Elle sait que celle avec qui elle a presque tout partagé jusque-là est gravement malade et qu’elle va peut-être bientôt mourir. À ce moment-là, il est presque impossible de se rendre au Liban sauf pour des cas exceptionnels. Mais le regard de cette fillette ne me sort pas de la tête et je me décide à tenter l’impossible pour elle.

Des retrouvailles émouvantes

« Habituellement, je me rends une fois par mois à Beyrouth pour rencontrer notre mère supérieure. Lors de mon séjour dans la ville en janvier 2017, je ne peux m’empêcher de penser à Fatima. J’en parle donc à la mère supérieure qui agit sur-le-champ en établissant une invitation officielle pour Fatima dans notre couvent de Beyrouth ; elle y appose son sceau et me la remet.

« Quelques jours plus tard, de retour à Tartous, je visite immédiatement la famille de Fatima pour leur demander la permission d’emmener la petite avec moi. Fatima est si excitée qu’elle saute de gauche à droite comme une balle rebondissante.

« Un lundi matin de bonne heure, je pars donc à Tripoli avec elle, là où résident ses grands-parents. Je n’ai pas de mots pour décrire cette rencontre entre Fatima et sa grand-maman. Je les vois s’embrasser sans s’arrêter et pleurer ensemble. Moi-même, je suis bien sûr incapable de retenir mes larmes.

« Je laisse Fatima environ une semaine auprès de sa grand-maman avant de revenir la chercher pour la ramener à Tartous. Durant le voyage du retour, Fatima me dit : « Je n’oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi. » Je ne peux pas lui faire comprendre qu’elle ne me doit rien. La joie qui se lit dans ses yeux est pour moi le plus beau des cadeaux.

« Depuis ce jour, au foyer, tous les enfants et les enseignants me racontent le changement radical observé chez Fatima et à quel point elle progresse dans ses études. »

Sœur Marie-Rose (Extrait traduit de l’allemand, pp. 75-77)


Recommandation de lecture : Dans l’intimité de Sœur Marie-Rose

Il y a des histoires, comme celle de Fatima, qui donnent toute leur saveur au livre qui vient de paraître. Au cœur d’une guerre où les réfugiés se comptent en millions, Sœur Marie-Rose donne un visage à des individus. Avec amour et dévouement, elle a la capacité de valoriser ses semblables et de redonner de l’espoir malgré la guerre qui semble ne pas vouloir finir.

Ce livre ne tait pas les horreurs de la guerre. De nombreuses personnes restent traumatisées par leur vécu. Sœur Marie-Rose doit elle-même lutter contre le désespoir. Mais ce sont précisément ces aperçus dans sa vie intérieure qui laissent une impression durable et nous font apprécier une femme qui reste ferme dans sa foi en Dieu et qui redonne confiance à ses compatriotes : « Quoiqu’il advienne et aussi grande que soit l’épreuve à supporter, nous continuerons à chanter. »

Disponible en allemand (paraîtra en français dans quelques mois) :

Sœur Marie-Rose
«Weil die Hoffnung niemals stirbt»
Histoires de survie en Syrie
154 pages | 2018
Prix indicatif : 16.–

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