Syrie : CSI demande au Conseil fédéral de proposer l’acceptation du postulat de Mathias Reynard afin de protéger la population civile des conséquences des sanctions

Selon le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis, la Suisse, en tant qu’État neutre, peut atteindre bien plus par la voie diplomatique qu’à travers condamnations ou sanctions. CSI appelle le Conseil fédéral à aligner sa politique de sanctions à l’encontre de la Syrie sur ces déclarations. Accepter le postulat du conseiller national Mathias Reynard serait déjà un premier pas.

« Nous ne recevons plus que 10 % des médicaments dont nous avons besoin pour le traite-ment des cancers. Et c’est surtout la conséquence des sanctions. » (Reuters)

La Suisse doit «se positionner, au niveau international, comme un partenaire neutre et impartial», promouvoir le dialogue et soutenir des solutions pacifiques, a déclaré le conseiller fédéral Ignazio Cassis après les frappes contre la Syrie des États-Unis, de l’Angleterre et de la France qui ont eu lieu dans la nuit du 13 au 14 avril. «Je suis convaincu que nous pouvons avoir un impact bien plus fort en nous montrant des partenaires prudents et fiables qu’à travers des condamnations, des sanctions ou l’extradition de diplomates. »

Un manque de neutralité: la Suisse est de facto partie de la guerre en Syrie

Dans une lettre reçue ce matin, Christian Solidarité International (CSI) demande au Conseil fédéral d’aligner sa politique de sanctions à l’encontre de la Syrie sur les déclarations du conseiller fédéral Ignazio Cassis. En reprenant les sanctions de l’Union européenne (UE) –elles-mêmes basées sur celles des États-Unis– la Suisse a de facto pris parti dans la guerre en Syrie. Les sanctions sont en effet une arme de guerre pour les États-Unis, une arme employée dans le but de renverser le gouvernement syrien. Ces sanctions ont été imposées unilatéralement, sans mandat de l’ONU.

Les sanctions comme punition collective: l’économie nationale et le système de sécurité sociale sont paralysés

Les sanctions n’ont pas eu l’effet désiré sur le gouvernement syrien. Au contraire, c’est la population syrienne qui en est la principale victime. Le DrJohn Eibner est le responsable CSI pour le Moyen-Orient et voyage régulièrement en Syrie: «Les sanctions internationales contre la Syrie sont si étendues qu’elles paralysent des secteurs économiques entiers, le système de paiement inclus, et mettent en danger la survie de toute la population, indépendamment de la religion, de l’appartenance ethnique ou du genre.»

Les sanctions ont l’effet d’une punition collective contre la population syrienne, ce qui représente une violation flagrante du droit humain international étant donné que les punitions collectives sont interdites par les Conventions de Genève (article 33 de la quatrième Convention de Genève).

Les sanctions tuent

Les sanctions internationales contre la Syrie mettent en péril par exemple la vie de personnes atteintes du cancer: «Nous ne recevons plus que 10% des médicaments dont nous avons besoin pour le traitement du cancer», déclare Maher Haddad, le directeur de l’hôpital pour enfants de Damas dans une interview avec Reuters. «Et c’est surtout la conséquence des sanctions. » Malgré des exemptions humanitaires, l’importation de médicaments vitaux est fortement entravée par les sanctions.

Conseil national: les sanctions doivent absolument être ciblées

«Il est de notre responsabilité de nous assurer que ces sanctions ne se retournent pas contre la société civile en Syrie» déclare le conseiller national valaisan Mathias Reynard (PS). Le 16mars2018, il a déposé le postulat «Sanctions ciblées contre les auteurs de crimes de guerre en Syrie». Le Conseil fédéral est chargé d’examiner si les sanctions «frappent, de manière ciblée, les véritables responsables» et «si elles préservent la population civile des dommages collatéraux que sèment ces mesures». Le postulat a été signé par quatorze membres du Conseil national du PS, de l’UDC, du PLR et du PEV.

Le Conseil fédéral doit accepter le postulat

Dans sa lettre du 17avril2018, CSI recommande à Johann Schneider-Amman, le conseiller fédéral en charge du département de l’économie et auquel incombe la responsabilité de ce dossier, de proposer l’acception du postulat de Mathias Reynard. Ainsi, le Conseil national pourra déjà voter sur ce postulat lors de la session d’été du Parlement.

Plus d’informations

Lettre de CSI au conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, 17 avril 2018 (en allemand)

Lettre de CSI au conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, 17 avril 2018 (traduit en français)

Postulat 18.3309 : Sanctions ciblées contre les auteurs de crimes de guerre en Syrie

Images de l’hôpital pour enfants à Damas (Reuters)

Article de Reuters sur les sanctions : « Syria sanctions indirectly hit children’s cancer treatment »

Communiqué de presse de CSI concernant le postulat du conseiller national Reynard

Contact

Adrian Hartmann
adrian.hartmann@csi-schweiz.ch
044 982 33 74 | 078 836 07 47

Christian Solidarity International (CSI) est une organisation chrétienne humanitaire de défense des droits de l’homme pour la liberté de religion et la dignité humaine, ayant son siège principal à Binz bei Maur dans le canton de Zurich. 

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